Un locataire peut-il demander un DPE en cours de bail ?

Votre facture d'énergie explose ? Vous avez froid en hiver et chaud en été dans votre logement ? Saviez-vous que, même en cours de bail, vous pourriez avoir la possibilité de demander un Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) à votre propriétaire ? Bien que parfois complexe, cette démarche peut s'avérer essentielle pour garantir la décence de votre habitation et maîtriser vos dépenses énergétiques. Comprendre vos droits et les obligations du bailleur est la première étape pour améliorer votre confort et préserver votre budget.

Nous aborderons les fondements juridiques qui peuvent justifier une telle demande, la procédure à suivre, les obligations du bailleur, les conséquences d'un nouveau DPE et les recours possibles en cas de refus. Notre objectif est de vous fournir une information claire et complète pour vous aider à faire valoir vos droits et à vivre dans un logement confortable et économe en énergie.

Le DPE : un rappel indispensable

Avant de plonger au cœur du sujet, il est essentiel de bien comprendre ce qu'est un DPE et son importance dans le cadre d'une location. Le Diagnostic de Performance Énergétique est un document qui évalue la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre d'une habitation. Il permet d'attribuer une étiquette énergie (de A à G) et une étiquette climat (de A à G) au logement, facilitant ainsi sa comparaison avec d'autres biens.

Obligation légale du DPE

Le DPE est encadré par un cadre légal précis, notamment la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, ainsi que les décrets et arrêtés d'application. Depuis le 1er janvier 2011, le DPE est obligatoire lors de la location d'un logement. Le bailleur doit fournir un DPE au preneur au moment de la signature du bail. La durée de validité du DPE est de 10 ans. Cependant, les DPE réalisés avant le 1er juillet 2021 ont des durées de validité différentes et sont progressivement invalidés. Un DPE réalisé entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2021 est valide jusqu'au 31 décembre 2024, tandis qu'un DPE réalisé avant le 1er janvier 2018 est valide jusqu'au 31 décembre 2022. L'absence de DPE lors de la location peut entraîner des sanctions pour le bailleur, notamment une amende.

Contenu du DPE

Le DPE fournit des informations essentielles sur la performance énergétique de l'habitation. Il comprend notamment l'étiquette énergie, qui classe le logement de A (très économe) à G (très énergivore), l'étiquette climat, qui évalue les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que des recommandations de travaux pour améliorer la performance énergétique. Ces recommandations peuvent concerner l'isolation, le système de chauffage, la ventilation, ou encore la production d'eau chaude sanitaire. Il est crucial de comprendre que les logements classés F ou G sont considérés comme des passoires thermiques et sont soumis à des restrictions de location depuis le 1er janvier 2023, avec une interdiction totale prévue pour 2034.

Cas particuliers

Certaines habitations sont exemptées de l'obligation de réaliser un DPE, notamment les constructions provisoires d'une durée d'utilisation inférieure à deux ans, les bâtiments agricoles, artisanaux ou industriels qui ne sont pas destinés à l'habitation, et les monuments historiques classés. Le DPE vierge, quant à lui, est un DPE qui ne peut pas être rempli par le diagnostiqueur, généralement en raison de l'absence d'informations suffisantes sur le logement. Un DPE vierge peut être contestable et avoir des implications sur la validité du contrat de location.

Droit du locataire : demander un DPE en cours de bail ?

Bien que la loi n'oblige pas explicitement le bailleur à refaire un DPE à la demande du locataire en cours de bail, des arguments juridiques solides peuvent justifier une telle demande. Ces arguments reposent principalement sur l'obligation du propriétaire de délivrer une habitation décente et de l'entretenir en bon état. Fort de ces arguments, le locataire peut entamer une procédure.

Absence de texte de loi explicite

Il est important de noter qu'aucun texte de loi ne stipule clairement le droit pour un preneur de demander un nouveau DPE en cours de bail. Cependant, cela ne signifie pas que la demande est illégitime. Plusieurs articles de loi peuvent être interprétés en faveur du locataire, notamment ceux relatifs à la décence de l'habitation et à l'obligation d'information du bailleur.

Arguments juridiques pour justifier la demande

Plusieurs arguments peuvent être avancés pour justifier la demande d'un DPE en cours de bail. L'obligation de délivrance d'une habitation décente, prévue par l'article 6 de la loi du 6 juillet 1989 , est un argument majeur. Une habitation dont la performance énergétique est mauvaise, entraînant des charges excessives pour le locataire, peut être considérée comme non décente. Une jurisprudence récente a même élargi la notion de "logement décent" pour inclure des critères liés à la performance énergétique, notamment en cas de factures de chauffage anormalement élevées. L'obligation d'entretien de l'habitation, également prévue par l'article 6 de la loi du 6 juillet 1989, peut également justifier la demande d'un DPE. Si des travaux sont nécessaires pour améliorer la performance énergétique, un DPE à jour peut être un outil essentiel pour identifier et justifier ces travaux. Enfin, l'obligation générale d'information du bailleur envers son locataire sur les caractéristiques de l'habitation peut être mise en parallèle avec les nouvelles exigences de transparence en matière de performance énergétique, notamment l'interdiction progressive de location des passoires thermiques.

Motivations légitimes du locataire

Un preneur peut avoir plusieurs motivations légitimes pour demander un DPE en cours de bail. Des factures d'énergie excessivement élevées et disproportionnées par rapport à la surface et à l'équipement du logement sont une motivation courante. Une suspicion d'erreurs ou d'obsolescence du DPE initial peut également justifier une nouvelle demande, notamment si des travaux ont été effectués depuis la réalisation du DPE initial ou si des changements climatiques significatifs ont eu lieu. La mise en place de nouvelles réglementations nécessitant une évaluation plus précise de la performance énergétique peut également inciter le locataire à demander un nouveau DPE. Enfin, un inconfort thermique important (froid en hiver, chaleur en été) malgré un fonctionnement normal du chauffage et de la climatisation peut être une motivation légitime.

Procédure à suivre : démarches et conseils

Si vous souhaitez demander un DPE en cours de bail (DPE locataire), il est important de suivre une procédure précise pour maximiser vos chances de succès. La première étape consiste à adresser une demande amiable à votre bailleur.

Première étape : demande amiable au bailleur

La première étape consiste à rédiger une lettre recommandée avec accusé de réception à votre bailleur. Dans cette lettre, vous devez exposer clairement les motifs de votre demande de DPE, en fournissant des preuves tangibles, telles que des copies de factures d'énergie anormalement élevées. Vous pouvez également proposer une solution amiable, telle qu'une participation financière au coût du diagnostic. Il est important de conserver une copie de cette lettre et de l'accusé de réception.

En cas de refus du propriétaire

Si votre bailleur refuse votre demande amiable, vous pouvez passer à l'étape suivante : la mise en demeure. Envoyez une lettre recommandée avec accusé de réception à votre propriétaire, lui rappelant ses obligations légales et les conséquences potentielles de son refus. Si cette mise en demeure reste sans réponse, vous pouvez saisir la Commission Départementale de Conciliation (CDC). La CDC a pour mission de faciliter le règlement amiable des litiges entre locataires et propriétaires. La saisine de la CDC est gratuite et peut vous permettre de trouver une solution sans engager une procédure judiciaire. En dernier recours, vous pouvez saisir le tribunal judiciaire. Cette procédure peut être coûteuse et longue, mais nécessaire si vous ne parvenez pas à un accord amiable. Pour prouver l'impact négatif du DPE sur votre vie, des certificats médicaux liés à l'humidité ou au froid sont de précieuses preuves.

Conseils pratiques pour le locataire

Pour mener à bien votre démarche de DPE en cours de bail, il est conseillé de vous renseigner sur les aides financières disponibles pour l'amélioration de la performance énergétique. Vous pouvez également conserver précieusement toutes les preuves de vos démarches, telles que les copies de lettres et les factures. Enfin, n'hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel du droit (avocat, juriste) si nécessaire.

Il est possible de se faire accompagner dans vos démarches. Voici des aides potentielles:

Obligations et droits du bailleur face à la demande

Le bailleur a également des droits et des obligations face à la demande du locataire concernant le DPE en cours de bail. Il a le droit de refuser la demande sous certaines conditions, mais il a également l'obligation d'examiner attentivement la demande.

Droit de refuser (sous conditions)

Le bailleur peut refuser la demande du preneur si le DPE initial est récent et toujours valide, et qu'aucune modification significative n'a été apportée au logement. Il peut également refuser si la demande est jugée abusive ou infondée. Par exemple, des demandes répétées sans motifs valables peuvent être refusées.

Obligation d'examiner attentivement la demande

Le bailleur a l'obligation d'examiner attentivement la demande du locataire et de répondre de manière motivée, même en cas de refus. Il doit tenir compte des arguments et des preuves apportées. Un refus non motivé peut être considéré comme abusif et entraîner des sanctions.

Si le bailleur accepte la demande

Si le bailleur accepte la demande du locataire, il doit choisir un diagnostiqueur certifié et fournir au preneur une copie du nouveau DPE. Il est important de choisir un diagnostiqueur impartial et compétent pour garantir la fiabilité du DPE. Le diagnostiqueur doit être certifié par un organisme accrédité par le COFRAC (Comité Français d'Accréditation).

Conséquences d'un refus injustifié pour le bailleur

Un refus injustifié de la part du bailleur peut entraîner des conséquences importantes. Le tribunal judiciaire peut le condamner à réaliser un diagnostic et à verser des dommages et intérêts au locataire pour trouble de jouissance. Dans certains cas, le loyer peut également être requalifié, c'est-à-dire abaissé, si l'habitation est considérée comme non décente en raison de sa mauvaise performance énergétique. Le locataire peut également exiger une baisse de loyer.

Conséquences du nouveau DPE pour le bail

Un nouveau DPE peut avoir des conséquences importantes pour le bail et pour les parties. Il peut influencer le montant du loyer, la réalisation de travaux, et même le renouvellement du bail. Agir sur la performance énergétique (DPE location) est donc indispensable.

Pour le locataire

Un nouveau DPE permet au locataire d'obtenir une meilleure information sur la performance énergétique du logement. Si le logement est classé comme une passoire thermique (F ou G), le locataire peut négocier une baisse de loyer ou demander des travaux d'amélioration. Le DPE peut également motiver le preneur à effectuer lui-même des travaux d'amélioration énergétique, avec l'accord du bailleur.

Pour le bailleur

Un nouveau DPE permet au bailleur d'identifier les travaux à réaliser pour améliorer la performance énergétique de l'habitation et respecter les obligations légales. La réalisation de ces travaux peut valoriser le bien immobilier à long terme et permettre au propriétaire d'augmenter le loyer après la réalisation des travaux, dans les limites légales. Des aides financières existent pour la réalisation de travaux d'amélioration énergétique, comme MaPrimeRénov'.

Impact sur le renouvellement du bail

La performance énergétique de l'habitation peut influencer la possibilité de renouveler le bail, notamment si le logement est classé comme une passoire thermique. La loi Climat et Résilience prévoit des interdictions progressives de location pour les logements les plus énergivores. Il est donc important pour le bailleur de réaliser les travaux nécessaires pour mettre son habitation aux normes.

Pour illustrer les conséquences financières potentielles d'une mauvaise performance énergétique, voici un tableau comparatif des charges annuelles de chauffage en fonction de la classe énergétique ( Source ADEME ):

Classe Énergétique Consommation énergétique (kWh/m²/an) Charges annuelles estimées (chauffage, €)
A Moins de 50 Moins de 500
C 91 à 150 800 - 1200
E 231 à 330 1800 - 2500
G Plus de 450 Plus de 3500

Voici un tableau qui présente les aides potentielles pour la rénovation énergétique ( Source ADEME ):

Aide Montant
Ma Prime Renov' Variable selon les revenus et les travaux
Eco-prêt à taux zéro Jusqu'à 50 000€
Aides des collectivités locales Variable selon les régions

Questions fréquentes

Voici quelques questions fréquemment posées sur le DPE et la location:

  • Le locataire peut-il se faire rembourser le coût du DPE par le bailleur ? Généralement, non, sauf accord amiable ou décision de justice.
  • Que faire si le DPE initial est introuvable ? Le bailleur doit faire réaliser un nouveau diagnostic à ses frais.
  • Le locataire peut-il réaliser lui-même des travaux d'amélioration ? Oui, avec l'accord écrit du bailleur. Les modalités sont à définir contractuellement.
  • Le locataire peut-il demander une expertise contradictoire ? Oui, s'il conteste les résultats, mais à ses frais, sauf erreur prouvée.
  • DPE et audit énergétique, quelle différence ? L'audit est plus approfondi et obligatoire pour les copropriétés de plus de 50 lots et bâtiments en monopropriété de plus de 50 lots à usage principal d'habitation.

Agir pour un logement durable

En définitive, bien que le locataire ne dispose pas d'un droit absolu à exiger un nouveau DPE en cours de bail, il peut légitimement en faire la demande si des motifs sérieux le justifient, notamment en cas de factures énergétiques anormalement élevées ou de suspicion d'obsolescence du diagnostic initial. La communication et la négociation avec le bailleur, ainsi que la connaissance des droits et obligations de chacun, sont primordiales.

La législation en matière de performance énergétique des habitations évolue constamment. Il est donc essentiel de se tenir informé des dernières réglementations pour faire valoir ses droits et vivre dans un logement confortable et économe en énergie. Agir dès aujourd'hui pour une habitation plus durable (DPE location, performance énergétique) est un investissement pour l'avenir, tant pour le preneur que pour le bailleur.

Plan du site